mercredi 2 mars 2011

En contant... La singularité de la petite Âme


Il était une fois une Petite Âme qui dit à Dieu : « Je sais qui je suis ! » 
Et Dieu dit : « C'est merveilleux ! Qui es-tu ? »
Et la Petite Âme cria : « Je suis la Lumière ! »
Dieu dit, avec un grand sourire : « C'est ça ! Tu es la Lumière ».
La Petite Âme était si heureuse, elle avait compris ce que toutes les âmes dans le Royaume devaient comprendre.
« Wow ! » dit la Petite Âme, « c'est vraiment cool ! »
Mais bientôt, savoir qui elle était ne fut plus suffisant. La Petite Âme se sentait remuée à l'intérieur, et voulait maintenant être qui elle était. Et la Petite Âme retourna à Dieu (ce qui n'est pas une mauvaise idée pour toutes les âmes qui veulent être qui elles sont réellement) et dit : « Salut, Dieu ! Maintenant que je sais qui je suis, ne serait-il pas bon pour moi de l’être ? »
Et Dieu dit : « Tu veux dire que tu voudrais être qui tu es déjà ? »
« Eh bien », répondit la Petite Âme, « c'est une chose de savoir qui je suis, et une autre de l’être réellement. Je veux sentir ce que c'est que d'être la Lumière ! »
« Mais tu es déjà la Lumière », répéta Dieu, souriant de nouveau.
« Oui, mais je veux le ressentir ! » s'écria la Petite Âme.
« Eh bien », dit Dieu avec un petit rire, « Je suppose que j’aurais dû m’en douter. Tu as toujours été un aventurier ». Ensuite, Dieu changea d'expression : « Il n'y a qu'un petit problème... ».
« Quoi ? » demanda la Petite Âme.
« Eh bien, il n'y a rien d'autre que la Lumière. Tu vois, je n'ai rien créé sauf ce que tu es, et ainsi, il n'existe aucun moyen facile pour toi de faire toi-même l'expérience de qui tu es, puisqu'il n'y a rien que tu n'es pas ». 
« Hein ? » dit la Petite Âme, qui s’embrouillait un peu.
« Pense-le de cette façon », dit Dieu. Tu es comme une bougie dans le Soleil. Oh ! tu es bel et bien là. Avec des millions, des millions de millions d’autres bougies qui composent le Soleil. Et le Soleil ne serait pas le Soleil sans toi. Non, il serait un soleil sans une de ses bougies ... et ce ne serait pas le Soleil du tout, car il ne brillerait pas avec autant d'éclat. Pourtant, comment te savoir toi en tant que Lumière lorsque tu es au milieu de la Lumière ? voilà la question ».
« Eh bien », dit la Petite Âme toute ragaillardie, « Vous êtes Dieu. Pensez à quelque chose ! »
Une fois de plus Dieu sourit. « Il y a une possibilité », dit Dieu. « Puisque tu ne peux pas te voir toi-même comme la Lumière quand tu es dans la Lumière, nous allons t’entourer de la Ténèbre ».
« Qu'est-ce que la Ténèbre ? » demanda la Petite Âme.
Dieu répondit : « C'est ce que tu n’es pas ».
« Vais-je avoir peur de la ténèbre ? » s'écria la Petite Âme.
« Seulement si tu le choisis », répondit Dieu. « Il n'y a aucune raison, vraiment, d'en avoir peur, sauf si tu décides qu'il y en a une. Tu vois, nous prétendons tout cela. Nous faisons semblant ».
« Oh ! » dit la Petite Âme, et elle se sentait déjà mieux.
Alors Dieu expliqua que, pour vivre toute chose, l’exact contraire devait apparaître.
« C'est un grand cadeau », dit Dieu, « parce que sans son contraire, tu ne peux pas savoir ce qu’est toute chose. Tu ne peux pas savoir ce qu’est le Chaud sans le Froid, le Haut sans le Bas, la Rapidité sans la Lenteur. Tu ne peux pas connaître la Gauche sans la Droite, l’Ici sans le Là-bas, le Maintenant sans l’Avant ».
« Et ainsi », Dieu conclut, « quand tu es entourée de la Ténèbre, n’agite pas le poing, n'élève pas la voix et ne maudis pas l'obscurité. Sois plutôt une lumière dans la Ténèbre, et n’en sois pas fâchée. Alors, tu sauras qui tu es vraiment, et tous les autres le sauront aussi. Que ta lumière brille, alors tout le monde saura ta singularité ! »
« Vous voulez dire que c'est bon de laisser les autres voir combien je suis singulier ? » demanda la Petite Âme.
« Bien sûr ! » Dieu rit : « C'est très bien ! Mais rappelle-toi, singulier ne signifie pas mieux. Tout le monde est singulier ! Pourtant, beaucoup ont oublié cela. Ils verront qu'il est bon pour eux d'être singulier seulement quand tu verras qu'il est bon pour toi d'être singulier ».
« Wow », dit la Petite Âme, dansant et sautillant, riant et sautant de joie. « Je peux être aussi singulier que je veux l’être ! »
« Oui, et tu peux commencer dès maintenant », dit Dieu, qui dansait et sautait et riait à côté de la Petite Âme.
« Quelle part de la singularité veux-tu être ? »
« Quelle part de la singularité ? » répéta la Petite Âme. « Je ne comprends pas ».
« Eh bien », Dieu expliqua : « être la Lumière est être singulier, et être singulier peut prendre beaucoup de formes. C'est singulier d'être gentil. C'est singulier d'être doux. C'est singulier d'être créatif. Il est singulier d'être patient. Peux-tu penser à d'autres moyens d’être singulier ? ».
La Petite Âme, resta tranquillement assise pendant un moment. « Je vois beaucoup de façons d'être singulier ! ». La Petite Âme s'écria alors : « C'est singulier d'être utile. C'est singulier d'être le partage. C'est singulier d'être amical. C'est singulier d'être attentif aux autres ! »
« Oui ! », Dieu en convint : « et tu peux être tout cela, ou toute part de singularité que tu souhaites être, à tout moment. C'est ce que cela signifie être la Lumière ».
« Je sais ce que je veux être, je sais ce que je veux être ! » la Petite Âme annonça avec beaucoup d'enthousiasme. « Je veux être la part de singularité appelée pardon. N'est-il pas extraordinaire de pardonner ? »
« Oh, oui ! » assura Dieu à la Petite Âme. « C'est très singulier ».
« Bon », dit la Petite Âme, « c'est ce que je veux être. Je veux être le pardon. Je veux me lancer dans cette voie ».
« Bien », dit Dieu, « mais il y a une chose que tu dois savoir ».
La Petite Âme devenait impatiente maintenant. Il lui semblait qu’il y avait toujours une complication nouvelle.
« Qu'est-ce qu’il y a ? » la Petite Âme soupira.
« Il n'y a personne à qui pardonner ».
« Personne ? » la Petite Âme pouvait à peine croire ce qui avait été dit.
« Personne ! » répéta Dieu. « Tout ce que j'ai fait est parfait. Il n'y a pas une seule âme dans toute la création qui soit moins parfaite que toi. Regarde autour de toi ! »
C'est alors que la Petite Âme réalisa qu’une grande foule s'était rassemblée. Les âmes étaient venues de très loin – de tout le Royaume – car le bruit avait couru que la Petite Âme avait cette conversation extraordinaire avec Dieu, et tout le monde voulait entendre ce qu'ils disaient. En regardant les innombrables autres âmes rassemblées, la Petite Âme dut en convenir. Aucune ne paraissait moins merveilleuse, moins magnifique, ou moins parfaite que la Petite Âme elle-même. Telle était la merveille des âmes rassemblées autour, et si brillante était leur Lumière, que la Petite Âme pouvait à peine les regarder.
« À qui donc pardonner ? » demanda Dieu.
« Boy, ça va pas être drôle du tout ! » grommela la Petite Âme. « Je voulais faire moi-même l'expérience d’être Celui qui pardonne. Je voulais savoir à quoi ressemblait cette part de la singularité ».
Et la Petite Âme apprit ce qu'était qu'être triste. Mais à ce moment l’Âme Amicale s'avança de la foule.
« Ne t’inquiète pas, Petite Âme », dit l'Âme Amicale, « je vais t’aider ».
« Toi ? » la Petite Âme s'éclaira. « Mais que peux-tu faire ? »
« Eh bien, je peux te donner quelqu'un à qui pardonner ».
« Tu peux ? »
« Certainement ! » chantonnait l'Âme Amicale. « Je peux faire quelque chose pour que tu puisses pardonner ».
« Mais pourquoi ? pourquoi le ferais-tu ? » demanda la Petite Âme. « Toi qui es un être d’une telle absolue perfection ! Toi qui vibres avec une telle vitesse que cela crée une Lumière si brillante que je peux à peine poser le regard sur toi ! Qu’est-ce qui pourrait t’amener à vouloir ralentir ta vibration à tel point que ta lumière vive deviendrait sombre et opaque ? Qu’est-ce qui pourrait t’amener – toi qui es si légère que tu danses sur les étoiles et te déplaces dans le Royaume à la vitesse de ta pensée – à venir dans ma vie et te rendre si lourd que tu pourrais faire cette mauvaise chose ? »
« C’est tout simple », dit l'Âme Amicale. « Je le ferai parce que je t'aime ».
La Petite Âme semblait surprise de la réponse.
« Ne sois pas si surprise » dit l'Âme Amicale, « tu as fait la même chose pour moi. Tu ne t’en souviens pas ? Oh ! nous avons dansé ensemble, toi et moi, à plusieurs reprises. À travers les cieux et à tous les âges, avons-nous dansé. Dans tous les temps et dans de nombreux endroits, avons-nous joué ensemble. Tu ne t’en souviens pas ! »
« Nous avons tous deux été le Tout de l’Autre. Nous avons été le Haut et le Bas de l’Autre, la Gauche et la Droite de l’Autre. Nous avons été l'Ici et le Là-bas de l’Autre, le Maintenant et l'Après de l’Autre. Nous avons été le mâle et la femelle, le bon et le mauvais, nous avons tous deux été la victime et le méchant de l’Autre ».
« Ainsi avons-nous marché ensemble, toi et moi, de nombreuses fois, chacun apportant à l'autre l'occasion exacte et parfaite d'exprimer et d'expérimenter qui nous sommes vraiment. Eh oui ! » L'Âme Amicale alla plus loin : « je vais être cette fois le méchant. Je vais faire quelque chose de vraiment terrible, et puis tu pourras faire l'expérience de celui qui pardonne ».
« Mais que feras-tu, demanda la Petite Âme, un peu nerveusement, qui sera si terrible ? »
« Oh ! » répondit l'Âme Amicale, un sourire dans les yeux, « on va penser à quelque chose ».
Puis l'Âme Amicale sembla sérieuse, et dit d'une voix calme : « tu as raison sur un point, tu sais ».
« Lequel ? », la Petite Âme voulait savoir.
« Je vais devoir ralentir ma vibration et devenir très lourd pour faire cette pas-si-belle chose. Je vais devoir faire semblant d'être quelque chose de très contraire à moi. Et, oui, je le ferai. Mais j’ai une faveur à te demander en retour ».
« Oh ! tout ce que tu veux ! tout ce que tu veux ! » s'écria la Petite Âme, et elle se mit à danser et à chanter : « je vais pouvoir pardonner, je vais pouvoir pardonner ! »
Puis la Petite Âme s’aperçut que l'Âme Amicale restait très calme.
« Quelle faveur ? » demanda la Petite Âme. « Que puis-je faire pour toi ? Tu es un ange d’être prêt à faire cela pour moi ! »
« Bien sûr que cette Âme Amicale est un ange ! » interrompit Dieu. « Tout le monde l’est ! Souviens-toi : je ne t'ai jamais envoyé que des anges ! »
Et la Petite Âme voulait plus que jamais accéder à la demande de l'Âme Amicale.
« Que puis-je faire pour toi ? » demanda la Petite Âme à nouveau.
« Au moment où je te frapperai et te frapperai », répondit l'Âme Amicale, « au pire moment que tu puisses imaginer, en ce moment précis… »
« Oui ? » interrompit la Petite Âme, « oui... ? »
« Souviens-toi de qui je suis réellement ».
« Oh, je le ferai ! » s'écria la Petite Âme, « je le promets ! Je vais toujours me souvenir de toi tel que je te vois, ici et maintenant ! »
« Bien », dit l'Âme Amicale, « parce que, vois-tu, je ferai tellement fortement semblant, que je vais oublier qui je suis réellement. Et si tu ne te souviens pas de moi tel que je suis réellement, pendant très longtemps je ne pourrai pas être en mesure de m’en souvenir. Et si j’oublie qui je suis réellement, il se peut même que tu oublies qui tu es, et nous serons tous deux perdus. Nous aurons alors besoin d'une autre âme qui s’approchera de nous, et nous rappellera qui nous sommes réellement tous deux ».
« Non, nous n’oublierons pas qui nous sommes réellement ! » la Petite Âme promit à nouveau ». Je ne t’oublierai pas ! Et je te remercie de m'apporter ce cadeau – la chance d'expérimenter qui je suis ».
Ainsi, l'accord fut conclu. Et la Petite Âme s'en alla, heureuse d’être une Lumière qui était très singulière, et si heureuse d’être cette part de singularité appelée Pardon.
Et la Petite Âme attendit anxieusement de pouvoir elle-même faire l'expérience du pardon, et à remercier tout autre âme qui la rendait possible. Et à chaque fois qu'une nouvelle âme apparaissait sur la scène, que cette âme nouvelle apportait la joie ou la tristesse – et surtout si elle apportait la tristesse – la Petite Âme pensait à ce que Dieu avait dit : « Souviens-t-en toujours ». Et Dieu avait souri : « Je ne t'ai jamais envoyé que des anges ».