vendredi 9 décembre 2011

En veillant... Vénération de la Couronne d'épines à Notre-Dame


Veillée de prière
présidée par le Cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris
Cathédrale Notre-Dame de Paris, le 8 décembre 2011
Méditation sur la Passion du Christ
Vénération de la sainte Couronne d'Épines et des Saintes Reliques de la Passion

Ouverture : Cardinal André Vingt-Trois
Frères et Sœurs, chers amis,
Nous sommes rassemblés ce soir pour exprimer à Dieu notre amour de son Fils Jésus ; pour manifester au Christ notre attachement, notre affection et notre désir d’être avec Lui au pied de la Croix, avec Jean et Marie. Avec Lui, nous voulons dire à Dieu qu’Il est le maître de nos vies et le maître du monde.
Au cours de cette veillée, nous allons méditer sur la Passion de Jésus. Nous vénérerons les reliques de la Passion et nous prierons pour toutes celles et tous ceux qui, à travers le monde, sont associés à la Passion du Christ et vivent les Béatitudes à cause de leur foi : « Heureux êtes-vous si l’on vous persécute et si l’on dit toute sorte de mal de vous à cause de moi » (Mt 5, 11). Nous prierons aussi pour toutes celles et tous ceux qui, partageant l’indifférence, l’ignorance ou la dérision des témoins de la Passion sur le Golgotha, se sont joints à ceux qui criaient : « S’il est le Fils de Dieu qu’il descende de sa croix et qu’il se sauve lui-même » (Mt 27, 40).
Ce soir, par notre présence, nous voulons dire simplement, avec le Centurion au pied de la Croix : « Vraiment, Celui-ci est le Fils de Dieu » (Mc 15, 39).

Par la croix du Fils de Dieu
1. Par la croix du Fils de Dieu, signe levé qui rassemble les nations,
par le corps de Jésus Christ dans nos prisons, innocent et torturé,
sur les terres désolées, terres d'exil, sans printemps, sans amandier
Fais paraître ton Jour et le temps de ta grâce,
fais paraître ton Jour : que l'homme soit sauvé !
2. Par la croix du bien aimé, fleuve de paix où s'abreuve toute vie,
par le corps de Jésus Christ, hurlant nos peurs dans la nuit des hôpitaux,
sur le monde que tu fis pour qu'il soit beau et nous parle de ton nom.
3. Par la croix du vrai pasteur, alléluia, où l'enfer est désarmé,
par le corps de Jésus Christ, alléluia, qui appelle avec nos voix,
sur l'Église de ce temps, alléluia, que l'Esprit vient purifier.

Lecture : Première lettre aux Corinthiens (1, 18-25)
Le langage de la croix est folie pour ceux qui vont vers leur perte, mais pour ceux qui vont vers leur salut, pour nous, il est puissance de Dieu. L'Écriture dit en effet : La sagesse des sages, je la mènerai à sa perte, et je rejetterai l'intelligence des intelligents. Que reste-t-il donc des sages ? Que reste-t-il des scribes ou des raisonneurs d'ici-bas ? La sagesse du monde, Dieu ne l'a-t-il pas rendue folle ? Puisque le monde, avec toute sa sagesse, n'a pas su reconnaître Dieu à travers les œuvres de la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par cette folie qu'est la proclamation de l'Évangile. Alors que les Juifs réclament les signes du Messie, et que le monde grec recherche une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les peuples païens. Mais pour ceux que Dieu appelle, qu'ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car la folie de Dieu est plus sage que l'homme, et la faiblesse de Dieu est plus forte que l'homme.

Homélie : Cardinal André VINGT-TROIS
Frères et Sœurs,
Nous n’avons pas honte de la croix du Christ. Cette croix est notre fierté.
Nous n’avons pas honte de Jésus de Nazareth cloué sur le bois. L’offrande qu’il fait de sa vie est notre Salut.
Nous savons qu’aux yeux du monde il a été vaincu. Nous savons qu’aux yeux du monde il a été assimilé aux bandits et aux dangers publics. Nous savons qu’aux yeux du monde, il a été exposé aux moqueries et à la vindicte de l’humanité. Et pourtant, « défiguré par la souffrance » (Is 53, 10), déchiré par les tortures, couronné d’épines, « n’ayant plus apparence humaine » (Is 52, 14), il est celui, au-dessus de l’humanité, qui apporte la vie et le Salut. Il est, selon l’inscription décidée par Pilate, le « roi des Juifs » (Jn 19, 19). Et, comme roi des juifs accomplissant la promesse faite à David, il est promis pour régner sur l’humanité (2 Sa 7, 1 et Lc 1, 33).
Dans un univers où la force l’emporte souvent sur le droit, où l’argent l’emporte sur l’honnêteté, où la dissolution des mœurs l’emporte sur la fidélité, où le mépris des autres l’emporte sur le service de nos frères. Dans ce monde, prendre comme emblème de la victoire et du Salut le corps supplicié d’un crucifié est une folie. Qui pourra jamais croire qu’il a vaincu la mort ? Qui pourra jamais croire qu’il a tué la haine ? Qui pourra jamais croire qu’il a abattu le mur qui empêchait les païens d’accéder au Sanctuaire ? Nous le savons, sa Résurrection est le cœur de notre foi.
Nous croyons qu’il est ressuscité parce que nous faisons confiance à la parole des témoins qui l’ont vu vivant, qui ont touché ses mains et son côté, qui ont mangé avec lui après sa résurrection, et comme nous le dit l’évangile de saint Luc, quelqu’un qui n’est pas un esprit, car un esprit n’a ni chair, ni os. Touchez-moi, leur dit-il, car il est ressuscité dans sa chair.
Si nous croyons ses témoins, ça n’est pas simplement parce que c’étaient d’honnêtes gens. Nous les croyons parce que la rencontre du Ressuscité et l’accueil de son Esprit Saint ont transformé leur vie. Nous les croyons parce qu’ils sont vraiment devenus disciples de Jésus, non seulement en le suivant, mais en portant dans leur chair « ce qui manquait encore aux souffrances du Christ » (Col 1, 24). Nous les croyons parce qu’ils ont eu la force de témoigner du Christ ressuscité jusqu’au don de leur vie. Nous les croyons parce que dans les combats et les événements de ce monde, ils ont été témoins de l’amour. Ils ont mis en pratique ce qu’ils avaient vu Jésus lui-même faire. Ils ont pardonné ceux qui les frappaient ; ils ont prié pour leurs persécuteurs ; ils ont accepté de comparaître devant leurs juges ; ils ont subi les humiliations que Jésus lui-même avait subies. Ces pauvres hommes et ces pauvres femmes venus de Galilée, de Judée ou de Samarie, ont parcouru le bassin méditerranéen et ont répandu, comme une poudre, le feu de l’amour.
Pour nous, essayer de vivre en disciples du Christ, c’est accepter d’aimer, d’aimer toujours et dans toutes circonstances.
C’est accepter de prendre sur nous, tels des descendants lointains et indignes de Simon de Cyrène, une part de la croix de Jésus.
C’est accepter de prendre sur nous, descendants indignes de Véronique, une part des crachats qui maculaient la face du Seigneur.
C’est accepter de prendre sur nous, descendants indignes de Marie et du « disciple qu’il aimait », les gouttes de sang qui sourdaient de son cœur, avec l’eau qui allait devenir la fontaine de la vie.
« Il a versé telle goutte de sang pour toi ».
Être disciple du Christ c’est nous tenir au pied de la croix, dans les sentiments qui étaient ceux de Jésus lui-même.
« Lui qui était de condition divine, il n’a pas retenu jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais il a pris la condition humaine et il s’est fait obéissant jusqu’à la mort et la mort de la croix » (Ph 2, 6-8).
Depuis ce jour, aucun homme, aucune femme, aucune parole, aucune injure, aucune dérision, aucune critique, aucun mépris, aucune ignorance, ne pourra plus jamais atteindre le corps de Jésus offert en sacrifice.
Depuis ce jour, des quantités d’hommes et de femmes à travers l’espace et le temps ont essayé de se détourner de Lui. Ils ont suivi des chemins étranges, parfois tourmentés, parfois douloureux, parfois désespérés ; et finalement, ils sont revenus.
Depuis ce jour, des quantités d’hommes et de femmes ont combattu avec la violence d’un amour insatisfait et d’un désir égaré la personne de Jésus, comme l’emblème de l’amour que Dieu porte aux hommes et que nous ne pouvons pas accepter si nous ne sommes pas prêts nous-mêmes à aimer.
L’injure ne blesse pas seulement le Christ. Elle dévoile le cœur de celui qui l’injurie.
L’offense n’offense pas seulement le Christ. Elle dévoile le désespoir de celui qui n’a pas pu accueillir la parole d’amour.
La haine n’est pas seulement un péché. C’est la face sombre de l’amour que nous ne savons pas vivre.
Ainsi, frères et sœurs, ce soir, nous ne sommes pas venus ici pour faire une manifestation, nous ne sommes pas venus ici pour protester contre tel ou tel. Nous sommes venus ici le cœur débordant d’amour pour nous unir à la personne du Christ. Nous sommes venus ici avec toute notre affection pour poser mentalement nos mains sur ses pieds. Nous sommes venus ici pour vénérer les signes de la Passion qu’il a subie par amour. Nous sommes venus ici pour entrer dans la parole qu’il adresse au bon larron, « Ce soir tu seras avec moi dans le paradis » (Lc 23, 43).
Amen.

Prière litanique
Toi le fils éternel du Père, Tu as daigné prendre notre propre condition humaine, sans mépriser ce qui nous rend vulnérables.
Nous Te bénissons Seigneur.
Toi le Verbe invisible, reflet de la face du père, Tu T’es soumis au regard des hommes.
Nous Te bénissons Seigneur.
Toi le maître créateur de toutes choses, Tu es venu pour servir et non pour être servi.
Nous Te bénissons Seigneur.
Jésus Seigneur, Tu envoies Tes disciples en ce monde vers tous les hommes, donne leur de faire percevoir la sainteté de Ton nom et de Te rester fidèle au milieu des tribulations.
Seigneur nous Te prions.
Jésus Seigneur, Tu fais des baptisés les membres de Ton Corps, que nos actes prolongent dans ce monde et en ce temps ta charité.
Seigneur nous Te prions.
Jésus Seigneur dans Ton Eucharistie Tu T’es remis aux mains de Tes disciples pour qu'ils Te reçoivent toujours comme Tu dois l’être, et qu'ils fassent fructifier le don reçu.
Seigneur nous Te prions.
Ô Christ couronné d'épines, Tu es moqué, insulté et frappé par les soldats, que ceux qui Te jugent impuissant puissent goûter la douceur de Ta force.
Christ délivre-nous.
Ô Christ couronné d'épines, Tu subis les cris de la foule, ouvre les yeux de ceux qui restent insensibles à Ta lumière.
Christ délivre-nous.
Ô Christ couronné d'épines, cloué sur la croix pour les péchés des hommes, Tu es ressuscité pour la vie de tous, prends pitié de ceux qui refusent de te donner leur foi, qui se dérobent quand tu t'approches d’eux.
Christ délivre-nous.
Seigneurs Jésus toi le désiré des nations tu viendras dans la gloire pour juger les vivants et les morts donne à tes disciples de veiller avec persévérance.
Christ exauce-nous.
Seigneur Jésus, Toi, racine de Jessé, et signe au milieu des nations, attire à Toi tous les hommes.
Christ exauce-nous.
Seigneur Jésus, Toi le Fils bien-aimé, tourné vers le Père, soumets tous les êtres à Ta puissance de salut.
Christ exauce-nous.

Vénération de la Sainte Couronne d'Épines,
du morceau de la Sainte Croix
et du Clou de la Passion
Transformation
Par amour, ô Jésus, tu Te donnes tout entier,
Dans cet amour, Tu veux me transformer
Même la mort, fait place à la Vie
En moi se lève Ta résurrection.
Humblement dans le silence de mon cœur, je me donne à toi, mon Seigneur.
1. Par ton amour, fais-moi demeurer humble et petit devant toi.
2. Enseigne-moi ta sagesse, ô Dieu, viens habiter mon silence.
3. Entre tes mains, je remets ma vie, ma volonté, tout mon être.
4. Je porte en moi ce besoin d'amour, de me donner, de me livrer sans retour.
5. Vierge Marie, gante mon chemin dans l'abandon la confiance de l'amour

La Passion de notre Seigneur Jésus-Christ selon saint Jean (18,1-19,42)
Après le repas Jésus sortit avec ses disciples et traversa le torrent du Cédron ; il y avait là un jardin, dans lequel il entra avec ses disciples. Judas, qui le livrait, connaissait l’endroit, lui aussi, car Jésus y avait souvent réuni ses disciples.
Judas prit donc avec lui un détachement de soldats, et des gardes envoyés par les chefs des prêtres et les pharisiens. Ils avaient des lanternes, des torches et des armes. Alors Jésus, sachant tout ce qui allait lui arriver, s’avança et leur dit : “Qui cherchez-vous ?”
Ils Lui répondirent “Jésus le Nazaréen”
Jésus répondit : “C’est moi.”
Judas, qui le livrait, était au milieu d’eux. Quand Jésus leur répondit : “C’est moi”, ils reculèrent, et ils tombèrent par terre. Il leur demanda de nouveau : “Qui cherchez-vous ?”
Ils dirent : “Jésus le Nazaréen.”
Jésus répondit : “Je vous l’ai dit : c’est moi. Si c’est bien moi que vous cherchez, ceux-là, laissez-les partir”.
Ainsi s’accomplissait la parole qu’il avait dite : “Je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donnés”.
Alors Simon-Pierre, qui avait une épée, la tira du fourreau ; il frappa le serviteur du grand prêtre et lui coupa l’oreille droite. Le nom de ce serviteur était Malcus. Jésus dit à Pierre : “Remets ton épée au fourreau. Est-ce que je vais refuser la coupe que le Père m’a donnée à boire ?”
Alors les soldats, le commandant et les gardes juifs se saisissent de Jésus et l’enchaînent.
Miserere, miserere mei, Domine, Jesu Christe.
Miserere, mei Domine.
Pour me traiter ainsi, ô mon peuple que j'aime,
qu'avais-tu contre moi ?
Pour mériter cette rigueur extrême,
que t'ai-je fait à toi ?
Miserere, miserere mei, Domine, Jesu Christe.
Miserere, mei Domine.
Pour me traiter ainsi, ô mon peuple que j'aime,
qu'avais-tu contre moi ?
Pour mériter cette rigueur extrême,

que t'ai-je fait à toi ?
Miserere, miserere mei, Domine, Jesu Christe.
Miserere, mei Domine.
Ils l’emmenèrent d’abord chez Anne, beau-père de Caïphe, le grand prêtre de cette année-là. C’est Caïphe qui avait donné aux Juifs cet avis : “Il vaut mieux qu’un seul homme meure pour tout le peuple”. Simon-Pierre et un autre disciple suivaient Jésus. Comme ce disciple était connu du grand prêtre, il entra avec Jésus dans la cour de la maison du grand prêtre, mais Pierre était resté dehors, près de la porte. Alors l’autre disciple – celui qui était connu du grand prêtre – sortit, dit un mot à la jeune servante qui gardait la porte et fit entrer Pierre. La servante dit alors à Pierre : “N’es-tu pas, toi aussi, un des disciples de cet homme-là ?”
Il répondit : “Non, je n’en suis pas !”
Les serviteurs et les gardes étaient là ; comme il faisait froid, ils avaient allumé un feu pour se réchauffer. Pierre était avec eux, et se chauffait lui aussi. Or, le grand prêtre questionnait Jésus sur ses disciples et sur sa doctrine. Jésus lui répondit : “J’ai parlé au monde ouvertement. J’ai toujours enseigné dans les synagogues et dans le Temple, là où tous les Juifs se réunissent, et je n’ai jamais parlé en cachette. Pourquoi me questionnes-tu ? Ce que j’ai dit, demande-le à ceux qui sont venus m’entendre. Eux savent ce que j’ai dit”.
À cette réponse un des gardes, qui était à côté de Jésus, lui donna une gifle en disant : “C’est ainsi que tu réponds au grand prêtre !”
Jésus lui répliqua : “Si j’ai mal parlé, montre ce que j’ai dit de mal mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ?”
Anne l’envoya, toujours enchaîné, au grand prêtre Caïphe. Simon-Pierre était donc en train de se chauffer ; on lui dit : “N’es-tu pas un de ses disciples, toi aussi ?”
Il répondit : “Non, je n’en suis pas !”
Un des serviteurs du grand prêtre, parent de celui à qui Pierre avait coupé l’oreille, insista : “Est-ce que je ne t’ai pas vu moi-même dans le jardin avec lui ?”
Encore une fois, Pierre nia. À l’instant le coq chanta.
Tandis que pour payer le prix de tous vos crimes,
j'avais offert mon sang,
Vous, vous avez vendu ce sang au prix infime,
de trente deniers d'argent.
Miserere, miserere mei, Domine, Jesu Christe.
Miserere, mei Domine.
Alors on emmène Jésus de chez Caïphe au palais du gouverneur. C’était le matin. Les Juifs n’entrèrent pas eux-mêmes dans le palais, car ils voulaient éviter une souillure qui les aurait empêchés de manger l’agneau pascal. Pilate vint au-dehors pour leur parler : “Quelle accusation portez-vous contre cet homme ?”
Ils lui répondirent : “S’il ne s’agissait pas d’un malfaiteur, nous ne te l’aurions pas livré”.
Pilate leur dit : “Reprenez-le, et vous le jugerez vous-mêmes suivant votre loi”.
Les Juifs lui dirent : “Nous n’avons pas le droit de mettre quelqu’un à mort”.
Ainsi s’accomplissait la parole que Jésus avait dite pour signifier de quel genre de mort il allait mourir. Alors Pilate rentra dans son palais, appela Jésus et lui dit : “Es-tu le roi des Juifs ?”
Jésus lui demanda : “Dis-tu cela de toi-même, ou bien parce que d’autres te l’ont dit ?”
Pilate répondit : “Est-ce que je suis juif, moi ? Ta nation et les chefs des prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ?”
Jésus déclara : “Ma royauté ne vient pas de ce monde ; si ma royauté venait de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Non, ma royauté ne vient pas d’ici”.
Pilate Lui dit : “Alors, tu es roi ?”
Jésus répondit : “C’est toi qui dis que je suis roi. Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix”.
Pilate lui dit : “Qu’est-ce que la vérité ?”
Après cela, il sortit de nouveau pour aller vers les Juifs et il leur dit : “Moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. Mais c’est la coutume chez vous que je relâche quelqu’un pour la Pâque : voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ?”
Mais ils se mirent à crier : “Pas lui ! Barabbas !”
Ce Barabbas était un bandit. Alors Pilate ordonna d’emmener Jésus pour le flageller. Les soldats tressèrent une couronne avec des épines, et la lui mirent sur la tête ; puis ils le revêtirent d’un manteau de pourpre. Ils s’avançaient vers lui et ils disaient : “Honneur à toi, roi des Juifs !” Et ils le giflaient.
Ai-je eu tort de voiler ma majesté divine,
ai-je eu tort d'être bon ?
Pourquoi m'avoir tressé la couronne d'épines,
ensanglanté le front ?
Miserere, miserere mei, Domine, Jesu Christe.
Miserere, mei Domine.
Pilate sortit de nouveau pour dire aux Juifs : “Voyez, je vous l’amène dehors pour que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun motif de condamnation”.
Alors Jésus sortit, portant la couronne d’épines et le manteau de pourpre. Et Pilate leur dit : “Voici l’homme”.
Quand ils le virent, les chefs des prêtres et les gardes se mirent à crier : “Crucifie-le ! Crucifie-le !”
Pilate leur dit : “Reprenez-le et crucifiez-le vous-mêmes ; moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation”.
Les Juifs lui répondirent : “Nous avons une Loi, et suivant la Loi il doit mourir, parce qu’il s’est prétendu Fils de Dieu”.
Quand Pilate entendit ces paroles, il redoubla de crainte. Il rentra dans son palais, et dit à Jésus : “D’où es-tu ?”
Jésus ne lui fit aucune réponse. Pilate lui dit alors : “Tu refuses de me parler, à moi ? Ne sais-tu pas que j’ai le pouvoir de te relâcher, et le pouvoir de te crucifier ?”
Jésus répondit : “Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi si tu ne l’avais reçu d’en haut ; ainsi, celui qui m’a livré à toi est chargé d’un péché plus grave”.
Dès lors, Pilate cherchait à le relâcher ; mais les Juifs se mirent à crier : “Si tu le relâches, tu n’es pas ami de l’empereur. Quiconque se fait roi s’oppose à l’empereur”.
En entendant ces paroles, Pilate amena Jésus au-dehors, il le fit asseoir sur une estrade à l’endroit qu’on appelle le Dallage (en hébreu : Gabbatha). C’était un vendredi, la veille de la Pâque, vers midi. Pilate dit aux Juifs : “Voici votre roi”.
Alors ils crièrent : “À mort ! À mort ! Crucifie-le !”
Pilate leur dit : “Vais-je crucifier votre roi ?” Les chefs des prêtres répondirent : “Nous n’avons pas d’autre roi que l’empereur”.
Alors, il leur livra Jésus pour qu’il soit crucifié, et ils se saisirent de lui.
Parce que j'ai vécu parmi vous sur la terre
à travailler le bois,
Est-ce pour cela que l'un d'entre mes frères
m'a préparé la croix ?
Miserere, miserere mei, Domine, Jesu Christe.
Miserere, mei Domine.
Jésus, portant lui-même sa croix, sortit en direction du lieu dit en hébreu : Golgotha (nom qui se traduit : “Calvaire”, c’est-à-dire “Crâne”). Là, ils le crucifièrent, et avec lui deux autres, un de chaque côté, et Jésus au milieu. Pilate avait rédigé un écriteau qu’il fit placer sur la croix, avec cette inscription : “Jésus le Nazaréen, roi des Juifs”. Comme on avait crucifié Jésus dans un endroit proche de la ville, beaucoup de Juifs lurent cet écriteau, qui était libellé en hébreu, en latin et en grec. Alors les prêtres des Juifs dirent à Pilate : “Il ne fallait pas écrire : ‘Roi des Juifs’, il fallait écrire : Cet homme a dit : ‘Je suis le roi des Juifs’ ”.
Pilate répondit : “Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit”.
Mes mains que les outils avaient faites calleuses,
Pourquoi les avez-vous faites si douloureuses ?
Miserere, miserere mei, Domine, Jesu Christe.
Miserere, mei Domine.
Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ; ils en firent quatre parts, une pour chacun. Restait la tunique ; c’était une tunique sans couture, tissée tout d’une pièce de haut en bas. Alors ils se dirent entre eux : “Ne la déchirons pas, tirons au sort celui qui l’aura”. Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture : “Ils se sont partagé mes habits ; ils ont tiré au sort mon vêtement”. C’est bien ce que firent les soldats.
Miserere, miserere mei, Domine, Jesu Christe.
Miserere, mei Domine.
Or, près de la croix de Jésus se tenait sa mère, avec la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas et Marie Madeleine. Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : “Femme, voici ton fils”.
Puis il dit au disciple : “Voici ta mère”. Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui.
Après cela, sachant que désormais toutes choses étaient accomplies, et pour que l’Écriture s’accomplisse jusqu’au bout. Jésus dit : “J’ai soif ”.
Il y avait là un récipient plein d’une boisson vinaigrée. On fixa donc une éponge remplie de ce vinaigre à une branche d’hysope, et on l’approcha de sa bouche. Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : “Tout est accompli”.
Vas ergo erat positum aceto plenum ;
autem spondiamplenam aceto hyssopo
circumponentes obtulerunt ors ejus.
Cum ergo accepisset Jesus acetum dixit :
Consummatum est
Un vase était là, plein de vinaigre ;
Une éponge imbibée de vinaigre fut fixée à une branche d'hysope
et on l'approcha de sa bouche.
Quand Jésus l'eut pris, il dit :
Tout est achevé.
Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit. [ndvi : spontanément l’assistance se met à genoux]
Comme c’était le vendredi, il ne fallait pas laisser des corps en croix durant le sabbat (d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque). Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes. Des soldats allèrent donc briser les jambes du premier puis du deuxième des condamnés que l’on avait crucifiés avec Jésus. Quand ils arrivèrent à celui-ci, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté, et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau.
Celui qui a vu rend témoignage, afin que vous croyiez vous aussi. Son témoignage est véridique et le Seigneur sait qu’il dit vrai. Tout cela est arrivé afin que cette parole de l’Écriture s’accomplisse : “Aucun de ses os ne sera brisé”. Et un autre passage dit encore : “Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé”. Après cela, Joseph d’Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret par peur des Juifs, demanda à Pilate de pouvoir enlever le corps de Jésus.
Et Pilate le permit. Joseph vint donc enlever le corps de Jésus. Nicodème (celui qui la première fois était venu trouver Jésus pendant la nuit) vint lui aussi ; il apportait un mélange de myrrhe et d’aloès pesant environ cent livres. Ils prirent le corps de Jésus, et ils l’enveloppèrent d’un linceul, en employant les aromates selon la manière juive d’ensevelir les morts. Près du lieu où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin, et dans ce jardin, un tombeau neuf dans lequel on n’avait encore mis personne. Comme le sabbat des Juifs allait commencer, et que ce tombeau était proche, c’est là qu’ils déposèrent Jésus.

Le Christ a été mis au tombeau
Le Christ a été mis au tombeau, la Vie repose !
Il s'en est allé annoncer la grâce de la délivrance,
à ceux qui gisent à l'ombre de la mort !
Mais ce tombeau sera glorieux car la Vie en jaillira !
Vierge Marie, toi notre Mère, en ton cœur brille l'espérance !
Avec toi nous attendons que se lève la lumière de la Résurrection !
Le Christ a été mis au tombeau, la Vie repose !
Il s'en est allé annoncer la grâce de la délivrance,
à ceux qui gisent à l'ombre de la mort !
Mais ce tombeau sera glorieux car la Vie en jaillira !

Vexilla regis
Vexilla regis prodeunt 
Fulget crucis mysterium 
Quo came camis conditor
Suspensus est patibulo.

Quo vulneratus insuper 

Mucrone dira lanceae 
Ut nos lavaret crimine
Manavit unda et sanguine.
Impleta sunt quae concinit
David fideli carmin
Dicens In nationibus
Regnavit a ligno Deus.
Arbor decora et fulgida
Omata Regis purpura
Electa digno stipite
Tam sancta membre tangere.
Beata, cujus brachiis 
Saecli pependit pretium 
Statera facta corporis
Praedamque tulit tartan.
O Crux ave, spes unica 
In hac triumphi gloria
Auge piisjustitiam
Reisque dona veniam.
Te summa Deus Trinitas
Collaudet omnis spiritus :
Quos per crucis mysterium
Salvas, rege per saecula.
Amen
Les étendards du Roi s'avancent
et la lumière de la Croix resplendit son mystère,
En Croix, la Vie subit la mort,
et par sa mort elle redonne la vie.
Achevé par la funeste pointe de la lance
Pour nous laver du péché, 
Il ruissela d'eau et de sang.
Voici que s'accompli ce qu'a chanté
David en ses vers prophétiques. 
Proclamant aux nations :
C'est par le bois que Dieu régnera
Arbre splendide et étincelant,
Orné de la pourpre royale,
Tronc choisi qui fus jugé digne
De toucher des membres si saints.
Arbre bienheureux 
Dont les branches portent le Salut des siècles :
Tu pesas le poids de ce corps
Et l'Hadès dut lâcher sa proie.
Salut ô Croix, seule espérance ! 
Offre au temps de la Passion,
Grâce abondante aux hommes fidèles,
Et rémission aux coupables.
Trinité, Toi la source du Salut
Que loue tout esprit :
Qui par le mystère de la Croix triomphe, 
Recevra l'éternelle récompense. Amen !

Magnificat
Magnificat anima mea Dominum
Et exsultavit spiritus meus,
in Deo salutari meo ;
Quia respexit humilitatem
ancillœ suai : ecce enim ex
hoc beàtam me dicent ommes generationes.
Quia fecit mihi magna qui
potens est et sanctum nomen ejus ;
Et misericôrdia ejus a progenie
in progenies timentibus eum.
Fecit potentiam in brachio suo ;
dispérsit supérbos mente cordis sui.
Deposuit potentes de sede,
et exaltavit humiles.
Esurientes implevit bonis :
et divites dimisit inanes.
Suscepit lsrael puerum suum, recordatus misericordiæ suæ.
Sicut locutus est ad patres
nostros, Abraham et semini
ejus in sæcula.
Amen


En la solennité de l'Immaculée Conception de la Vierge Marie,
Notre-Dame de Paris, le 8 décembre 2011